Publié le : 03/10/2022
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à vivre de l’anxiété de performance. Comment en reconnaître les signes, et les aider à la maîtriser ? Voici des pistes concrètes pour savoir quand et comment intervenir en tant que parent.
Tremblements incontrôlés avant un exposé, révisions jusqu’au petit matin avant un examen, surentraînement sportif en prévision d’une sélection, crise de panique avant de monter sur scène… L’anxiété de performance est un état de malaise et de tension interne causé par la peur de l’échec ou l’anticipation d’un scénario catastrophe, dans des situations d’évaluation.
Nathalie Parent, psychologue et conférencière, constate que le phénomène a pris beaucoup d’ampleur depuis 20 ans. On vit dans une société de performance : les adultes se mettent beaucoup de pression pour réussir, et les jeunes aussi.
À un point tel qu’au Québec, presque deux élèves sur trois (65%) souffrent d’anxiété de performance au collège, dont environ un quart à un niveau sévère. En France, les chiffres sont similaires, avec 64% des ados qui expriment une angoisse des notes.
Reconnaître les signes
Maux de ventre, sensation d’avoir la gorge nouée, nausées, bouffées de chaleur, insomnie sont quelques-uns des symptômes physiques associés à l’anxiété de performance. Elle peut aussi donner lieu à des manifestations émotionnelles, comme le perfectionnisme et la peur de l’échec, l’imagination de scénarios catastrophes ou encore les crises de panique.
Comment savoir si votre enfant souffre de stress ou d’anxiété de performance ? Il est vrai que les deux sont intimement liés. « L’anxiété de performance se caractérise par un sentiment de peur éprouvé en anticipation, tandis que le stress s’apparente à une agitation ressentie juste avant d’affronter un événement », précise Nathalie Parent.
Toute forme d’anxiété n’est pas forcément négative ! Selon la psychologue, à un niveau modéré, c’est un mécanisme qui aide à se préparer pour une tâche importante et peut permettre à votre jeune de mieux performer, mais à un niveau trop élevé, elle est susceptible de lui faire perdre ses moyens et de générer une vraie souffrance.
Il faut savoir qu’à long terme, l’anxiété peut avoir des conséquences sérieuses, comme une faible estime de soi, un mal-être ou un état dépressif, des troubles alimentaires et des problèmes de sommeil. « Si on voit que l’anxiété empêche notre enfant de bien fonctionner à l’école, d’avoir des résultats scolaires cohérents par rapport à ses capacités, ou d’aller vers les autres, ce sont des indices qu’il ne va pas bien », complète Nathalie Parent. Il est alors temps d’en parler à son enseignant, ou de consulter un médecin ou un psychologue !
Bien intervenir en tant que parent
« Ce n’est pas grave », « Ne t’en fais pas, ça va bien se passer » est-on parfois tenté de dire à son enfant pour le rassurer. Mieux vaut éviter de minimiser, car cela fera en sorte qu’il ne se sent pas entendu, conseille pourtant Mme Parent. Faire en sorte qu’il cesse d’être confronté à la situation causant de l’anxiété n’est pas non plus une bonne idée si on veut qu’il développe sa résilience.
Lorsqu’un enfant vit de l’anxiété de performance, c’est souvent parce qu’il a des besoins qui ne sont pas comblés. A-t-il besoin d’attention ? Manque-t-il de confiance en lui ? Est-il angoissé par l’avenir ? A-t-il peur de décevoir ses parents ou son coach ?
Pour faire face à la situation, la psychologue recommande de trouver un équilibre entre « la fonction maternelle », qui est à l’écoute et se montre empathique, et la « fonction paternelle », qui accompagne son enfant tout en l’encourageant à affronter ses peurs. Concrètement, commencez par le faire parler de ses angoisses, puis demandez-lui comment l’aider, par exemple en effectuant des exercices de respiration avec lui ou en l’entraînant à ses paniers de basket.
7 stratégies pour aider votre enfant à maîtriser son anxiété
• Aidez-le à construire une bonne estime de lui, en lui montrant quels sont ses points forts et ses points faibles. Pensez à le complimenter, sans tomber dans l’excès, et rappelez-lui ses réussites.
• Faites-lui prendre conscience de ses émotions : il est important d’en parler, même quand elles sont inconfortables, par exemple quand il s’agit d’envie ou de jalousie.
• Travaillez sur votre propre anxiété : un enfant imite son parent. Si vous êtes nerveux, perfectionniste ou très exigeant avec vous-même, votre enfant risque fort de le devenir aussi.
• Rétablissez les croyances erronées : non, ce n’est pas parce qu’il va rater son évaluation de maths qu’il va forcément redoubler !
• Encouragez-le à planifier son travail scolaire et à anticiper ses examens : plus on est préparé, moins on a d’anxiété.
• Incitez-le à faire de l’activité physique et à pratiquer des exercices de relaxation.
• Faites-lui comprendre que le processus d’apprentissage est au moins aussi important que le résultat. Et que vous l’aimez inconditionnellement, quelles que soient ses notes !
Rédaction : Florence Dujoux