Publié le : 27/03/2020
La bienveillance auprès des enfants est la base incontournable de notre travail. Cependant, force est de constater qu’elle reste encore aléatoire et inconstante dans de nombreux lieux d’accueil. Ce sujet est toujours délicat tant il porte en lui une charge émotionnelle importante. Pour mettre en place la bienveillance au quotidien, il faut que plusieurs conditions soient réunies. Mais Qui est responsable de Quoi ? Une piste de réflexion pour tenter de baliser le rôle de chacun…
L’institution : donne les conditions nécessaires
L’institution pose le cadre général de travail à l’intérieur duquel vont s’exercer les missions auprès des enfants : taux d’encadrement suffisant, qualité des locaux, projet pédagogique, formation des professionnels, temps de réunion pour réfléchir à sa pratique sont autant d’éléments qui constituent un préalable avant même que ne soit abordée la question de la bienveillance auprès des enfants. Ce « méta-cadre » est comme une enveloppe contenante et protectrice qui donne aux professionnels et aux enfants un mode de fonctionnement respectueux de leurs besoins. L’institution est donc le 1er garant de la bienveillance.
Le manager : porte un cap exigeant
Le manager quant à lui porte et pilote la question de la bienveillance dans le cadre d’un projet pédagogique co-construit avec ses équipes. Il doit guider et accompagner les professionnels pour que soient déployés des savoir-faire et savoir-être respectueux des enfants tout au long de leur journée d’accueil. Pour ce faire, l’identité professionnelle du manager doit être lisible, c’est-à-dire qu’il doit être possible pour les collaborateurs d’identifier ses valeurs, son éthique, ainsi que ses références pédagogiques. Cependant, une fois que les axes de travail sont clairement établis et compris par tous, le manager doit faire preuve de cohérence. En effet, il est de sa responsabilité d’utiliser tous les leviers nécessaires en son pouvoir pour assurer aux enfants un environnement sécurisé et bientraitant.
Le professionnel : exerce les pratiques adaptées
Au sein d’un accueil qualitatif, le professionnel quant à lui se questionne sur sa pratique afin d’évaluer si elle permet aux enfants de trouver la sécurité affective dont ils ont besoin. Ses connaissances sont-elles à jour ? Fait-il preuve de patience face aux émotions des enfants ? Se laisse-t-il aller à des haussements de ton, des cris, des sautes d’humeur ? Les bébés sont-ils pris dans les bras quand ils pleurent ? Les paroles adressées aux enfants sont-elles positives ? Les besoins des enfants sont-ils réellement respectés ou bien est-ce l’organisation et les pauses qui priment ? Autant de questions à se poser au quotidien avec l’accompagnement d’un(e) EJE. Le professionnel ne peut progresser seul. Toutefois, il porte la responsabilité d’amorcer des changements significatifs pour retrouver l’essence de son métier : apporter bien-être et sécurité aux enfants en l’absence de leurs parents.
Suggestions d'Anne Boulhoud
Mettre en place des réunions régulières pour travailler sur les pratiques.
Organiser des temps « terrain » pour le manager afin d’observer et soutenir les orientations pédagogiques de l’établissement.
Anticiper et formaliser une organisation quand il y a de l’absentéisme dans l’équipe.
S’informer et se former sur les derniers apports en neurosciences et sur la bientraitance pour comprendre le développement des enfants. Qu’est-ce qui se passe dans leur tête ?
Exprimer ses difficultés en réunion avec la psychologue, son manager pour mieux comprendre ses propres émotions et difficultés.
Répondre réellement aux besoins des enfants pour faciliter une ambiance plus apaisée au sein du groupe (respect du rythme individuel sommeil, repas, temps de jeux, jeux à disposition, souplesse et adaptabilité).
Organiser des tours de rôle en posture d’observateur pour prendre du recul et enrichir son sens de l’analyse des situations pédagogiques (au sein de son équipe, inter-équipes, inter-crèches).
Rédaction : Anne Boulhoud