Publié le : 27/02/2023
L’ambivalente confiance
La crèche, mode d’accueil le plus plébiscité par les familles, se voit parfois décriée par ses dernières au motif qu’elle ne comblerait pas toutes les attentes.
La complexité du travail est liée au fait que chaque famille a son histoire, ses propres représentations de la crèche et de ses missions. Les enjeux sont forts car il va s’agir de répondre individuellement aux besoins de l’enfant et de sa famille dans un environnement collectif. De fait, le personnel et l'équipe de direction vont jongler en permanence avec le fonctionnement de la crèche et l’agile adéquation aux demandes des parents. De l’incompréhension, de l’agacement s’installent parfois, entamant le précieux capital-confiance entre les différents acteurs. Etablir une communication efficace pour le bien-être de l'enfant est essentiel !
De la même manière, du côté de l’équipe, apparait parfois un sentiment d’amertume face à ces reproches quand une professionnelle a passé la journée à ressourcer un enfant insécurisé ou que cette autre s’évertue depuis plusieurs semaines à accompagner les colères et les frustrations d’un enfant envahi par ses émotions.
Du mieux possible
Accueillir un enfant et en prendre soin pendant l’absence de ses parents est un travail complexe sous son apparente simplicité.
Il est possible que cette apparente similitude entre le métier de parent et celui de professionnel petite enfance engendre de la confusion. Le parent qui confie sa progéniture à la crèche est centré sur son enfant et attend des équipes éducatives une attention pleine et entière. L’équipe quant à elle accueille un groupe d’enfants et tente de faire au mieux pour répondre à l’ensemble des besoins de chaque enfant accueilli au sein d’un collectif.
Cependant, comme toute institution, la crèche est imparfaite et comporte des atouts mais aussi des limites. Force est de constater qu’une trop grande exigence parentale viendra fatalement se heurter à une forme de déception. En effet, la crèche ne peut délivrer une prestation standardisée de qualité identique jour après jour, puisqu’une multitude de facteurs humains et organisationnels sont constamment à l’œuvre.
Malgré cela, les professionnels de la petite enfance s’efforcent de faire vivre aux enfants une expérience positive de la collectivité. Pour les y aider, réunions, formations, posture réflexive, doublées de l’accompagnement et du soutien des médecins et des psychologues ou des psychomotriciens, constituent des outils incontournables pour penser sa pratique au quotidien et prendre du recul sur certaines situations. Leur engagement est au rendez-vous et leur investissement remarquable leur permet d’avoir une connaissance fine de chaque enfant accueilli.
Du bon côté de la balance
Il est vrai que le contexte national actuel de crise du secteur de la petite enfance vient renforcer les occasions de tensions entre les parents et les équipes : Difficulté de recrutement, absentéisme, turn-over, pénurie de diplômés, horaires réduits, fermeture inopinée de certains Espaces d’accueil apportent son lot de contrariétés aussi bien chez les parents que chez des équipes éducatives ou de direction qui doivent faire face à de réelles complexités de fonctionnement.
Nonobstant ses potentiels travers, la crèche reste une formidable opportunité pour les enfants car elle leur permet de grandir en partageant leurs émotions, leur imaginaire, en développant leur autonomie et leurs interactions entre pairs, en s’armant de nouvelles compétences pour vivre en groupe, pour apprendre de l’autre et par l’autre, pour s’exercer à se séparer de son parent et trouver en soi la ressource pour y faire face.
La crèche, c’est aussi rencontrer d’autres adultes, différents des parents, porteur d’une indéniable richesse pour l’enfant. Alors, faisons pencher la balance du bon côté entre les bénéfices et les inconvénients car la crèche reste à n’en pas douter le mode de garde qui peut s’ajuster avec talent au développement global de chaque enfant tout en offrant aux parents un lieu de confiance et d’échanges constructifs.
Rédaction : Anne Boulhoud