Publié le : 12/10/2021
Le terme « neurosciences » est devenu omniprésent dans le monde de l’éducation. Les neurosciences séduisent car elles nous font toucher du doigt un mystère non résolu, celui du fonctionnement du cerveau. Les relations sociales, les modalités d’apprentissage ou encore les connexions qui se créent dans le cerveau pour nous permettre d’effectuer les plus simples actions sont très complexes. Tout cela nous échappe, voilà pourquoi le fonctionnement du cerveau passionne.
Les neurosciences font beaucoup parler d’elles, de quoi s’agit-il vraiment ?
Pour commencer, les neurosciences sont les sciences qui étudient le système nerveux : le cerveau, la moelle épinière et les nerfs.
Le Dr Catherine GUEGUEN, pédiatre, indique qu’au XXème siècle le cerveau était perçu comme dévolu aux capacités intellectuelles, motrices et sensorielles. Au XXIème siècle, grâce aux performances de l’imagerie médicale, des chercheurs ont démontré scientifiquement que le développement du cerveau était aussi lié aux relations sociales, affectives et aux émotions.
On a alors un point de vue scientifique sur ce qui n’était auparavant que des intuitions, des modèles pédagogiques. C’est une révolution ! Les neurosciences affectives et sociales voient le jour. Les neurosciences affectives et sociales font partie des neurosciences cognitives. Celles-ci se basent sur l’observation « d’activités cérébrales » qui démontrent les différentes activités présentes dans le cerveau. Elles permettent d’identifier l’influence de l’environnement et des relations sociales sur le développement du cerveau de l’enfant : les apprentissages, la mémoire et la structuration même du cerveau.
Ainsi, nous avons dans nos mains un élément essentiel : nous sommes des êtres sociaux, nous avons besoin de relations affectives...et pas n’importe lesquelles ! Notre cerveau a besoin de contacts chaleureux et d’interactions bienveillantes et empathiques pour se développer de manière harmonieuse.
4 éléments que les neurosciences nous ont appris sur le développement du jeune enfant
L’environnement impacte considérablement le développement du cerveau de l’enfant
Le cerveau de l’enfant possède des prédispositions à l’apprentissage. Il dispose d’une grande plasticité cérébrale, qui est la faculté du cerveau à moduler sa structure. De plus, il compte 7 fois plus de connexions synaptiques que le cerveau de l’adulte. En grandissant, ces connexions diminuent pour ne garder que les plus utilisées. Cela nous indique que ce ne sont pas les meilleures expériences les plus retenues mais les expériences les plus répétées : les habitudes. L’environnement dans lequel l’enfant évolue est donc primordial car il va considérablement modifier l’évolution de son cerveau en fonction de sa stimulation, ses interactions et ses expériences. Cela donne une grande responsabilité aux adultes.
Les pouvoirs de l’empathie
L’empathie est la capacité à comprendre ce que l’autre vit sans se trouver affecté par les mêmes émotions. Lorsque l’enfant reçoit de l’empathie de la part de son entourage, il sécrète une molécule appelée : ocytocine. Celle-ci envoie des signaux à la partie du cerveau impliquée dans les relations sociales (par exemple reconnaître et associer les expressions des yeux et du visage à une émotion). Ainsi, un enfant qui reçoit de l’empathie sera plus à même de se montrer empathique envers les autres. L’inverse est vrai également : moins il en reçoit, moins il sera facile pour lui d’être empathique.
Le cerveau d’un jeune enfant n’est pas assez mature pour contrôler ses émotions
Le jeune enfant n’est pas en capacité de maîtriser ses émotions. La colère, la peur ou encore la tristesse qu’il ressent l’envahissent et son cerveau n’est pas assez mature pour décoder ce qui se passe dans son corps et faire redescendre la pression.
La capacité à prendre du recul, à faire face à ses émotions, à s’apaiser est possible grâce à une partie du cerveau appelée le cortex orbitofrontal. Cette partie du cerveau commence sa maturation vers 5 –7 ans, elle se façonne au fil des années en fonction des expériences vécues par l’enfant, ses interactions sociales et son environnement. Voici pourquoi vous entendez souvent « les enfants ne font pas de caprices ». D’une part parce que les enfants ne disposent pas encore de toutes les capacités de communication et de décodage de leur environnement. D’autre part, considérer un comportement comme un caprice donne le sentiment de se faire duper et crée des émotions négatives. Ces sentiments rendent l’accès à une posture empathique et bienveillante plus difficile et peuvent mener vers un rapport de force entre adulte et enfant.
Lorsque les émotions de l’enfant sont accueillies avec empathie, que l’adulte verbalise les émotions qu’il perçoit, sans jugement, l’enfant se sent écouté. C’est un premier pas qui va l’aider à aller vers l’apaisement. Il est alors important de ne pas le dévaloriser mais plutôt de se connecter à lui, c’est ce qui nous aidera à comprendre sa réaction. L’enfant apprendra à nommer ses émotions et à les maîtriser grâce à la constante bienveillance de l’adulte, à chaque débordement d’émotion. Cela ne signifie pas accéder à toutes ses demandes, il est important que l’adulte pose un cadre clairement défini, ce qui est structurant et rassurant pour l’enfant.
Le stress abîme le cerveau
Les situations stressantes sont très présentes dans nos vies et peuvent nous entraîner vers un cercle vicieux : « Nous sommes en retard, dépêche-toi! », « Pourquoi tu ne m’as pas écouté ?! », « Attention ! Le vélo allait te renverser ! ». Les menaces, les cris, les punitions, les humiliations créent du stress chez les enfants. Ils y sont d’autant plus exposés car ils n’ont pas ou peu de maîtrise de leur environnement.
Que se passe-t-il dans leur cerveau ? Lorsqu’on ressent du stress, de la peur ou encore de la tristesse le cerveau sécrète des hormones : le cortisol et l’adrénaline. À haute dose et sur une durée prolongée, ils sont nocifs pour le cerveau des enfants. Une partie essentielle dans la mémorisation et les apprentissages est alors impactée : l’hippocampe. Lorsque le cerveau de l’enfant est soumis à beaucoup de stress, ses fonctions sont altérées et paralysées.
Les neurosciences font beaucoup parler d’elles, de quoi s’agit-il vraiment ?
Les paroles adressées à l’enfant, l’attention qui lui est portée, l’ouverture sur le monde qui lui est proposée impactent la structure du cerveau de l’enfant. L’empathie, la bienveillance et le respect sont donc les fondations sur lesquelles il va pouvoir se construire. Très bien, me direz-vous, puisque nous savons cela, il ne suffit que de l’appliquer ! En réalité, appliquer ces recommandations n’est pas si simple. Chacun d’entre nous est d’abord impacté par sa propre histoire et son propre vécu. De plus, il est difficile de garder le cap au quotidien car il faut de la patience pour voir l’enfant évoluer, les mots et les gestes ont besoin d’être répétés.
Alors, déculpabilisons et considérons chaque moment comme une occasion supplémentaire de progresser vers une éducation adaptée aux besoins des enfants !
Rédaction : Manon Lebert