Publié le : 16/05/2023
Aujourd’hui, 15% de la population active assume le rôle d’aidant auprès d’un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Un aidant sur six consacre 20 heures ou plus à son proche aidé tandis que les autres passent en moyenne 8h par semaine à cela. Si l’on en croit les études de Ocirp-Viavoice, 1 salarié sur 4 deviendra proche aidant d’ici 2030. Ce statut vise donc à augmenter d’année en année. Si vous aussi êtes salarié et aidant familial à la fois, sachez que vous avez des droits. Les connaissez-vous ?
Qui sont les salariés aidants ?
Un aidant (aidant familial, proche aidant) représente un membre de la famille ou un proche de la personne dépendante. Il a pour rôle d’accompagner cette personne, souvent les parents, de manière régulière ; son aide varie de quelques heures par semaine à une présence quotidienne. Le proche aidant assume une ou plusieurs tâches : ménage, courses, aide à la toilette, rendez-vous médicaux, préparation des repas, etc. Le proche aidant ne possède pas de statut professionnel tel qu’un aidant professionnel qui exécute son métier.
Lorsque l’on parle de salarié aidant, nous faisons donc référence à un proche aidant qui travaille en tant que salarié en entreprise. Attention de ne pas confondre le « salarié aidant » et « l’aidant familial salarié » ; ce dernier étant un proche aidant employé par la personne âgée ou en perte d’autonomie.
Le salarié aidant mis à rude épreuve
Le rythme de vie actuel représente souvent des contraintes pour bon nombre d’entre nous. Lorsqu’il s’agit d’assumer son activité professionnelle et sa vie familiale et notamment son rôle de parent, nous avons tous déjà beaucoup de mal à trouver un peu de temps libre pour soi. Ajoutez à cela le temps passé pour venir en aide à l’un de nos proches, et vous obtiendrez une vie à 100 à l’heure. Le manque de temps et les problèmes organisationnels sont donc le principal obstacle que rencontre le salarié aidant.
Ce dernier doit également supporter une lourde charge mentale :
Prendre les rendez-vous médicaux, organiser le planning des intervenants à domicile (aide-ménagère, auxiliaire de vie, infirmiers …), se charger d’actes de la vie quotidienne auprès de la personne dépendante ;
Organiser son temps entre sa vie professionnelle, sa propre vie et les tâches qui lui incombent pour accompagner son proche.
Être aidant peut donc devenir la cause de divers problèmes au sein de l’activité professionnelle, car le salarié aidant doit parfois poser des jours de congés, partit plus tôt ou arriver plus tard sur son lieu de travail, devoir rattraper sa charge de travail en dehors des horaires conventionnels… Nous pouvons donc nous demander si le salarié aidant possède des droits particuliers au vu de son statut, et si tel est le cas, quelles sont les démarches administratives à suivre pour pouvoir en bénéficier.
Je suis salarié et l’un de mes proches a besoin de mon aide : par où commencer ?
Le rôle d’aidant ne se prévoit pas forcément. Un jour, l’un de vos proches, vos parents, un membre de la famille, un voisin isolé vieillit et perd en autonomie. Il ne parvient plus à se déplacer seul, il n’est plus assidu dans la préparation de ses repas, sa mémoire lui fait défaut et il oublie de prendre ses médicaments… Certaines personnes se voient également victimes d’un handicap suite à un accident ou une maladie.
Lorsque cela vous arrive, et que vous travaillez, il vous faut vous organiser. Pour cela, vous n’aurez d’autre choix que d’en parler avec votre hiérarchie afin d’expliquer la situation et de pouvoir, ensemble, trouver une solution qui conviendra à tout le monde : supérieur, collègues et vous-même. Nous rencontrons trop d’aidants qui n’osent évoquer leur situation au travail et nous les invitons à le faire afin que la situation soit plus facile à gérer. Vous serez peut-être même surpris de voir l’empathie et la solidarité de vos collègues en cas de besoin. Votre employeur n’a pas le droit de faire preuve de discrimination envers vous sous prétexte que vous êtes aidant. Si cela venait à se produire, rapprochez-vous de votre syndicat ou d’une association d’aidants.
Quels sont les droits du salarié aidant ?
Après avoir expliqué la situation à votre employeur, il sera en mesure de vous proposer diverses solutions, dont certaines restent au bon vouloir de chaque entreprise. Cependant, en tant que salarié aidant, vous possédez également des droits que votre employeur ne peut refuser. Ces droits sont encore trop méconnus des salariés :
Le congé de proche aidant (à temps complet)
Grâce à ce congé, vous pouvez arrêter votre activité professionnelle de manière temporaire pour vous consacrer à l’accompagnement de votre proche. Ce congé concerne tous les salariés, mais vous devrez remplir certaines conditions pour en bénéficier. Votre proche doit être l’un des membres de votre famille, que vous viviez ou non avec lui et vous devez l’aider de façon régulière. Vous ne devez pas être rémunéré dans cette fonction et cette personne doit résider sur le territoire français.
Le congé de proche aidant est limité à une durée de 3 mois, sauf autre accord prévu dans la convention collective de votre entreprise. S’il peut être renouvelé, il ne pourra dépasser une durée de 1 an. C’est à vous, en tant que salarié, d’en faire la demande à votre employeur en respectant les conditions fixées par votre convention. Soyez rassurés, votre employeur ne pourra pas vous refuser une telle demande. Enfin, vous ne pourrez conserver votre rémunération durant ce congé, mais il vous est possible de faire une demande d’aide (AJPA).
Le congé de proche aidant (à temps partiel)
Si vous souhaitez bénéficier du congé de proche aidant tout en conservant votre activité professionnelle, il vous est possible de demander un aménagement de ce congé à votre employeur. Vous aurez le choix entre le fractionnement de ce congé ou une demande à temps partiel. Vous pourrez ainsi alterner entre votre travail et votre rôle d’aidant avec plus de facilités. L’activité professionnelle représente une bouffée d’oxygène pour certains aidants, en leur permettant de conserver une vie sociale tout en sortant de leur quotidien d’aidant familial.
Le congé de solidarité familiale
Ce congé spécifique vous concerne si vous accompagnez l’un de vos proches en fin de vie. Vous devrez justifier son état à l’aide d’un certificat médical. Ce congé a, lui aussi, une durée limitée de 3 mois, renouvelable une fois. C’est à vous, en tant que salarié, de fixer la durée de ce congé. Vous pouvez également demander une demande de fractionnement de congé de solidarité familiale.
Votre employeur ne peut vous refuser cette demande et vous devrez fixer ensemble les modalités. Vous ne serez pas rémunéré durant ce congé, mais vous pouvez faire une demande d’aide : AJAP. En fin de congé, vous retrouvez votre emploi ou un poste similaire avec la même rémunération. Si votre proche décède durant le congé, vous devrez reprendre le travail 3 jours après le décès. Cependant, il vous est possible de bénéficier de quelques jours pour évènements familiaux également.
Quelles solutions puis-je trouver avec mon entreprise en tant que salarié aidant ?
Outre ces droits que votre employeur ne peut refuser, vous pouvez également trouver un accord à l’amiable avec lui. Votre entreprise pourra ainsi vous soutenir dans votre rôle d’aidant. Voici quelques solutions envisageables à proposer à votre hiérarchie :
Le passage à temps partiel
Si vous travaillez à temps complet, vous pouvez tenter de demander une modification de votre contrat de travail avec le passage à temps partiel. Vous conservez ainsi votre travail, avec une rémunération moins élevée, tout en ayant davantage de temps libre à consacrer à votre proche aidé.
Le télétravail
Le télétravail s’étant démocratisé depuis les différents confinements, certains employeurs ont pu constater l’efficacité de certains de leurs collaborateurs grâce à ce mode de fonctionnement. Si votre poste le permet, votre employeur peut accepter de vous mettre en télétravail un ou plusieurs jours.
Le télétravail peut vous permettre d’aider plus facilement votre proche si ce dernier cohabite avec vous. Le cas échéant, vous pouvez aussi effectuer votre travail au domicile de la personne accompagnée afin d’être sur place et de gagner du temps.
L’aménagement de vos horaires
Cette solution peut être très pratique dans certaines situations. Si votre emploi le permet, arriver plus tard le matin sur votre lieu de travail peut vous permettre d’avoir du temps disponible pour aider votre proche chaque matin ; dans ce cas, vous pouvez peut-être aussi terminer votre journée un peu plus tard. À l’inverse, vous pouvez demander d’arriver plus tôt le matin afin de terminer votre journée plus tôt également.
Certains employeurs n’hésitent pas à proposer à leur salarié d’aménager leur emploi du temps de manière à effectuer le nombre d’heures prévu à leur contrat de travail sans horaires fixes : c’est le cas de certains cadres. Tant que le travail est réalisé et le contrat respecté, les salariés aidants peuvent ainsi s’occuper de leur proche à côté.
Le don de jours de congé entre collègues
Saviez-vous qu’il est possible d’offrir ses jours de congé à ses collègues lorsque ces derniers sont aidants ? Aucune contrepartie n’est demandée ni autorisée. Ce don peut être fait dans l’anonymat ou non et votre supérieur est en droit de refuser.
Si vous êtes salarié et aidant à la fois, ne restez plus seul. Libérez la parole, échangez avec votre employeur : le dialogue est la clé pour de meilleures conditions dans un contexte si particulier que l’aidance. Et si vous souhaitez en savoir plus ou bénéficier d’un soutien supplémentaire, vous pouvez également contacter Monka, votre expert dans l’accompagnement des aidants familiaux.
Rédaction : L'équipe Les Parents Zens