Publié le : 13/12/2023
De nombreux parents se demandent s’il faut encourager ses enfants à croire au Père Noël, alors qu’on leur enseigne à ne pas mentir, et comment leur éviter la déception.
Dans nos cultures occidentales, le Père Noël joue un rôle de premier plan. Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière, estime qu’encourager son enfant à croire au Père Noël, est bien plus qu’un « doux mensonge ».
Laisser l’imagination des enfants s’exprimer
Selon Dr Nicolas Chevrier, psychologue, « croire au Père Noël, c’est assez important pour le développement affectif et cognitif de l’enfant ». Entre trois et huit ans, il développe des compétences pour essayer de comprendre le monde qui l’entoure, et comment y évoluer. Pour ce faire, il se sert de son imagination : tous les
parents savent combien les petits aiment se déguiser et participer à des jeux de rôle.
« Croire au Père Noël, c’est alimenter l’imaginaire qui est déjà présent chez l’enfant », partage Nathalie Parent. D’après la littérature, l’imagination permet notamment de développer ses habiletés sociales, sa capacité de raisonnement et de résolution de problème, sa confiance en lui, son empathie et sa résilience.
Si les parents peuvent inventer des histoires autour de Père Noël, il est important de solliciter l’imagination des petits. Par exemple, s’ils vous interrogent sur la façon dont le Père Noël s’y prend pour passer à travers le conduit de la cheminée malgré son gros ventre, on peut leur retourner la question, en leur demandant ce qu’ils en pensent.
Transmettre ses valeurs
L’oncle qui se déguise, les cadeaux déposés sous le sapin, la préparation de biscuits : chaque famille adopte ses propres rituels, qui développent le sentiment d’appartenance de l’enfant. « Ces traditions familiales sont prévisibles et sécurisantes », commente Nicolas Chevrier.
Le psychologue souligne qu’il est important de comprendre l’impact de ces traditions sur notre entourage. « Préconiser une tradition qui respecte l’esprit de Noël, que ce soit à l’intérieur de la famille (tous les membres de la famille n’ont pas les mêmes moyens) ou à l’extérieur (avec les amis de la crèche ou de l’école) semble plus aligné avec les valeurs que l’on veut promouvoir à Noël », indique-t-il.
Par exemple, donner un petit cadeau à l’enfant de la part du Père Noël et offrir les gros présents de la part des parents ou grands-parents peut constituer une excellente solution pour communiquer les valeurs de partage et de générosité.
Respecter le rythme de chaque enfant
Vers l’âge de 7-8 ans, la pensée magique va peu à peu diminuer pour laisser place à la pensée rationnelle, indique la psychologue Nathalie Parent. Autour du CE1, les questions des enfants deviennent beaucoup plus concrètes, et ils soulèvent les incohérences : comment le Père Noël peut-il distribuer tous les cadeaux en une seule nuit ? Pourquoi tonton n’est-il jamais là quand il nous rend visite ?
Les professionnels s’accordent à dire que le tournant se fait lentement, et qu’il est important de respecter le rythme de chaque enfant. « Plusieurs parents pensent que révéler à leur bambin de 3-4 ans que le Père Noël n’existe pas va être bénéfique pour son développement, mais c’est tout le contraire », laisse tomber le Dr Chevrier.
À l’inverse, rien ne sert de bousculer des enfants plus âgés, qui ont besoin symboliquement de s’accrocher à cette croyance, fait valoir Nathalie Parent. On se moque de lui à l’école ? Elle conseille de démystifier un peu, en lui disant par exemple « à l’école, tu peux dire que tu n’y crois pas, mais à la maison, si tu en as envie, tu as le droit de continuer à y croire pour toi-même ».
Perpétuer la magie
Selon les psychologues interrogés, quand notre enfant nous dit que le Père Noël n’existe pas, ce n’est pas une bonne idée de lui mentir de façon éhontée. Et si votre aîné de 10 ans fait encore semblant d’y croire, c’est peut-être tout simplement parce qu’il craint de ne plus avoir de cadeaux !
La plupart des jeunes vont bien accepter leur découverte. « Certains peuvent être déçus, d’autres peuvent être fâchés, mais cela fait partie du deuil de la petite enfance et de la magie, qu’il faut faire de toute façon », croit Nathalie Parent. Cependant, si les non-dits et les secrets planent dans son environnement, l’enfant va le ressentir et va réagir plus fortement, prévient-elle.
« Ce n’est pas un réel mensonge, c’est plutôt un plaisir qu’on a partagé, en croyant à cette magie-là. Même si on sait que le Père Noël n’existe pas, on peut croire qu’il y a quelque chose de bon, qui donne espoir à travers les difficultés », croit la psychologue. Souvent, les plus grands de la fratrie garderont le secret pour les plus petits, afin de transmettre l’esprit des fêtes.
Rédaction : Florence Dujoux