Publié le : 14/11/2022
Irritabilité, apathie, manque d’intérêt pour ses activités… Vous vous inquiétez pour votre adolescent ? Mettez de côté culpabilité et peur des étiquettes, et discutez ouvertement de la situation ensemble.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pas moins de 50% des troubles de santé mentale apparaissent avant 14 ans, et 75% avant 22 ans. « Aujourd’hui, la dépression chez les ados est acceptée et reconnue, mais reste encore entourée de préjugés », partage Catherine Burrows, Directrice générale adjointe à la Fondation Jeunes en tête, qui prévient la détresse psychologique des jeunes de 11 à 18 ans au Québec.
L’adolescence s’accompagne de changements comportementaux et hormonaux importants, qui influencent l’humeur des jeunes et leurs habitudes de vie. Quand s’inquiéter ?
Distinguer déprime et dépression
Lorsqu’un jeune traverse une situation difficile, comme un échec scolaire ou une rupture amoureuse, il est normal d’observer un changement ponctuel dans son comportement. La durée de la déprime varie, mais vous devriez remarquer que la tristesse ou la colère de votre ado est entrecoupée de moments de plus en plus fréquents où il va mieux.
Si une jeune présente des changements de comportements négatifs affectant plusieurs sphères de sa vie, et que ses symptômes ne montrent pas de signe d’amélioration après plusieurs semaines, il pourrait souffrir de dépression. « L’irritabilité excessive, la baisse d’intérêt pour toute activité et la fatigue sont fréquentes lors des dépressions chez les ados, alors que l’on observe plus de tristesse chez les adultes », pointe Mme Burrows.
Une dépression non diagnostiquée et non traitée peut avoir de lourdes conséquences à long terme, comme des difficultés relationnelles, un risque de décrochage scolaire, un attrait pour la consommation de drogues, et, dans certains cas, des idées suicidaires.
Soutenir son adolescent
« Accompagner son enfant dans une épreuve est important, souligne-t-elle. C’est un moment d’apprentissage, où il doit se sentir écouté et soutenu. » C’est l’opportunité pour lui de mieux se connaître et de savoir qu’il peut compter sur son entourage. Quand la communication est coupée, c’est un signe qu’il faut s’inquiéter.
Mieux vaut choisir un moment calme pour parler à son ado. Utilisez ses moyens de communication favoris, respectez son rythme. Mais si vous êtes vraiment inquiets, insistez ! « N’attendez pas de voir si ça va passer » conseille Mme Burrows, soulignant que deux semaines de symptômes intenses suffisent à poser un diagnostic clinique de dépression.
Pour commencer, faites part à votre enfant de vos observations. Faire preuve d’une bonne capacité d’écoute est clé, pour éviter de minimiser ou d’amplifier ses difficultés. « N’hésitez pas à discuter avec lui ouvertement : ce n’est pas parce qu’on pose des questions à notre jeune qu’on lui met des idées dans la tête », indique Catherine Burrows. Si l’échange est difficile, encouragez-le à se confier à son meilleur ami ou à des adultes proches.
Diagnostiquer et soigner la dépression
Poursuivre la démarche en consultant un médecin permet d’éliminer les autres causes possibles des symptômes ressentis et de poser un diagnostic de dépression. Le traitement inclut habituellement la psychothérapie, éventuellement accompagnée de médicaments.
Lors de ses ateliers, la Fondation Jeunes en Tête explique aux jeunes que les antidépresseurs jouent le rôle d’une bouée les empêchant de se noyer, en réduisant l’intensité de leurs symptômes, tandis que la psychothérapie s’apparente à des cours de natation, permettant de calmement reprendre le cours de sa vie.
Selon Mme Burrows, la psychothérapie est très efficace auprès des adolescents, mais reste parfois stigmatisée. « Avec la psychothérapie, on apprend à comprendre comment on fonctionne et à reconnaître les signaux de la dépression, ce qui outille pour la vie », souligne-t-elle. Elle suggère d’encourager son enfant à en parler avec un jeune de son entourage qui l’a expérimentée avec succès.
Avec le soutien dont il a besoin, du temps et de la patience votre ado ira de mieux en mieux. « Plus on prend la dépression tôt à l’adolescence, moins long est le traitement et moins grandes sont les chances de récidive », conclut Mme Burrows. De quoi garder espoir !
Rédaction : Florence Dujoux