Publié le : 15/11/2021
De nombreux parents rêvent d’être une petite souris pour pouvoir observer leur enfant en leur absence à la crèche. Les transmissions du soir restituent en partie sa journée, mais comment se représenter ses acquisitions, ses interactions, ses chagrins et ses joies, ses partages, ses victoires et ses frustrations ?
Vivre en collectivité
La crèche, micro-société, confronte l’enfant à de multiples situations qui vont venir compléter celles qu’il vit auprès de sa famille. La crèche c’est la vie en groupe, c’est partager l’attention de l’adulte, les espaces et les jeux, c’est la construction de ce « Moi en devenir », c’est être chercheur et explorateur, c’est vivre des émotions fortes avec ses pairs, à cause de ses pairs, grâce à ses pairs. C’est aussi faire des mathématiques, de la géométrie, des activités artistiques, du sport, développer son langage et son imagination, être connecté à ses cinq sens en permanence, intensément.
Se séparer pour grandir
Dans les premiers temps, il va falloir apprendre à se séparer de ses parents : un apprentissage majeur qui peut conditionner la qualité de ses journées en collectivité. En effet, pour vivre pleinement la crèche et en exploiter toutes les possibilités, il crée un lien privilégié avec un ou plusieurs membre(s) de l’équipe éducative. Attaché, il se détache alors en toute sécurité pouvant ainsi explorer pleinement son nouvel environnement : un nouveau monde s’ouvre à lui…
Chercheur, explorateur…
Chercheur, le petit enfant s’intéresse à tout. Il élabore des hypothèses avec le matériel ludique mis à sa disposition. Il fait et refait des manipulations pour valider ou invalider ses hypothèses. Il manipule cette boite en essayant de l’encastrer dans cette autre boite, il repère la bonne place pour cette pièce de puzzle, il construit cette tour de cubes jusqu’au point d’équilibre. Différencier, apparier, associer, classer… Voilà de belles compétences qui sont déjà des apprentissages en soi.
Explorateur, il se loge dans ce grand carton et observe par ce petit trou un de ses camarades. Il circule dans les zones de jeux, ou dans les différents espaces quand ces derniers sont organisés pour permettre l’itinérance ludique. Il peut alors écouter une histoire, regarder un livre, prendre plaisir à produire des traces avec la peinture ou avec des feutres.
Inlassablement, il écoute les mêmes chansons et quand il le pourra, les chantera à son tour. Dans son exploration, il s’approprie les jeux, les combine, créant alors des mélanges inattendus : la pâte à modeler devient un gâteau dans l’espace dinette, les paquets de couche sont utilisés pour faire des tours ou des cabanes, les Lego aimantés s’invitent sur le radiateur, une bassine sur la tête…
Libre, le petit enfant n’a pas de représentation figée des objets, il n’a pas d’idées préconçues sur leur utilisation et c’est pour cette raison qu’il a beaucoup plus d’imagination que les adultes. Tout objet est multifonction. Le laisser explorer sans consignes ou interdits inutiles, c’est encourager sa créativité et développer son intelligence.
L’enfant et les autres
L’enfant en crèche vit en groupe. Quelle formidable opportunité que de jouer avec ses semblables ! L’observation et l’imitation sont des vecteurs d’apprentissage majeurs. Les plus jeunes jouent côte à côte, puis en grandissant ils jouent ensemble, construisant des imaginaires qui leur sont propres. Pendant ces temps de jeu ils s’imitent, font des propositions, s’accordent, puis sont en désaccord, négocient, trouvent un compromis ou n’en trouvent pas et peuvent alors développer une réaction agressive liée à leur frustration.
Avant l’acquisition du langage il est courant qu’ils se tapent, se mordent, s’arrachent les jeux, ou crient très fort pour exprimer leur mécontentement. Le cerveau préfrontal, siège de la cognition et du contrôle des émotions (entre autres), ne sera mature qu’à 25 ans ! Le petit enfant a donc encore légitimement le droit de réagir vivement quand tout ne va pas dans son sens, surtout avant 3 ans ! Les adultes seront là pour l’accompagner, mettre des mots sur ce qu’il vit. A la crèche, il apprend aussi l’empathie. Il est courant de voir un enfant apporter le doudou à un camarade en détresse et tenter de le consoler par des gestes tendres.
Mobilité et capacités corporelles
En collectivité, l’enfant exerce aussi ses capacités corporelles. Les recommandations actuelles en termes d’aménagement préconisent de mettre des équipements « moteurs » pour tous les âges et ce tout au long de la journée. Ramper, marcher, courir, grimper, glisser, sauter, escalader, tirer, transporter sont essentielles pour le jeune enfant. Nous savons aujourd’hui que développement cognitif et développement moteur sont intimement liés. Par conséquent, les activités engageant le corps sont primordiales pour l’ensemble de son développement.
Apprentissage de l’autonomie
Enfin, manger et dormir en collectivité sont des moments importants. Manger, c’est aussi découvrir d’autres saveurs que celles de la maison. Manger à la crèche permet également d’accroitre son autonomie : prendre son assiette et son verre, manger seul, débarrasser, se nettoyer le visage… Concernant le sommeil, l’aménagement avec les couchettes au sol, offrent l’opportunité de mettre en place le couché et le levé de manière autonome.
Une journée en crèche est donc très riche en apprentissages cognitifs, moteurs, sensoriels, émotionnels et sociaux. Votre enfant fait mille choses passionnantes, mille choses essentielles lui permettant de se construire et de mieux comprendre le monde qui l’entoure.
Rédaction : Anne Boulhoud