Publié le : 19/07/2021
Bien souvent en collectivité, on pense que les enfants n’écoutent pas, se laissent aller à leurs pulsions sans faire l’effort de se contrôler ou encore font exprès de provoquer les adultes. S’en suit alors de l’agacement, voire de l’exaspération chez les parents qui prêtent à ces derniers un niveau de développement cérébral qu’ils n’ont pas. Justement, crier, taper, se jeter au sol est pour le tout-petit une manière de décharger une tension interne qu’il n’arrive plus à canaliser. Quand il s’apaise, l’adulte pense alors qu’il a fait une comédie puisqu’il peut redevenir calme ou gai quelques instants après. Son cerveau, et particulièrement la partie préfrontale appelée aussi COF (cortex orbitofrontal), est encore immature ce qui l’empêche de maîtriser ses pulsions. En effet, c’est seulement à partir de 5–6 ans que l’enfant commence à pouvoir apprivoiser un peu mieux ses émotions, mais ce sera seulement vers 25 ans que la maturité cérébrale sera achevée !
Le rôle des hormones
En cas de stress le corps sécrète notamment une hormone appelée cortisol. Quand cette hormone est produite de manière prolongée et en grande quantité, cela impacte le développement harmonieux du cerveau ainsi que la santé physique. La collectivité offre de nombreuses occasions de mettre les enfants en état de stress : Séparation du matin difficile, organisation de la satisfaction des besoins primaires trop rigides, ambiance sonore bruyante, manque de relations individualisées, tensions relationnelles avec l’adulte.
A contrario, la bienveillance, les câlins et le réconfort font sécréter chez l’enfant l’ocytocine, la dopamine, l’endorphine et la sérotonine. Ces hormones « positives » activent la maturation cérébrale et développent les capacités relationnelles et sociales : l’empathie, la coopération, la capacité à vivre en groupe, le lien social et l’altruisme.
Colère ou stress ?
Isabelle Filliozat fait une distinction entre la colère et le stress. La colère serait une émotion primaire utile pour faire entendre nos besoins alors que les manifestations du stress se présenteraient comme des décharges dues à un cerveau saturé et désorienté. Dans cette deuxième situation, il est nécessaire d’aller chercher la cause réelle qui a déclenché la crise. Une colère ne dure que quelques minutes alors qu’une « réaction parasite » comme elle la nomme, peut durer beaucoup plus longtemps.
Bien souvent les adultes ne comprennent pas ce qui se passe. Ils se sentent démunis et ne savent pas comment réagir et peuvent eux-mêmes se trouver débordés par leurs émotions. Petits et grands rentrent alors dans une escalade émotionnelle, un rapport de force, ne permettant pas un retour au calme et une résolution plus rapide de la difficulté.
Une aide extérieure pour leur Moi intérieur
Nous l’avons vu l’immaturité cérébrale de l’enfant l’empêche de se tranquilliser seul, de prendre du recul sur les situations qu’il vit. Les circuits relayant les informations entre son cerveau émotionnel et son COF, siège entre autres du raisonnement et de la prise de décision, ne sont pas encore « opérationnels ». Par conséquent, il a besoin d’une aide extérieure pour réguler ses émotions et mettre des mots sur ce qu’il ressent ou s’il n’en parle pas sentir qu’il est compris.
En lui parlant, en ayant une attitude empathique et calme, l’enfant pourra petit à petit apprendre à mieux se maîtriser. A contrario un ton menaçant est contre-productif. Par exemple, si on dit à un enfant de « se calmer » mais de manière autoritaire, il est possible qu’il se taise immédiatement mais ce sera par peur de l’adulte. Il sera alors plongé dans un état de sidération peu favorable au développement de son cerveau.
Par ailleurs, n’oublions pas que les enfants se construisent en interagissant notamment avec les adultes qui s’occupent d’eux. Ils les observent, les imitent et intériorisent une partie de leurs comportements. Cela convoque notre responsabilité au quotidien en nous incitant à mettre au travail en équipe nos propres réactions et émotions.
Rédaction : Anne Boulhoud