Publié le : 26/09/2022
Dans le développement de l’enfant, intervient vers 2 ans, ce qu’on appelle communément « la période d’opposition ». Cette période est bien connue des parents et des professionnels petite enfance car elle n’est pas sans poser certaines difficultés dans la relation adulte-enfant. En effet, l’enfant dans son nouveau comportement, déroute, déstabilise, agace, voire exaspère l’adulte qui ne sachant plus comment venir à bout de cette nouvelle résistance, instaure souvent un rapport de force épuisant et infructueux. Il est possible de faire autrement afin de retrouver un peu de sérénité pour les grands et les petits.
L’enfant de deux ans est pris dans un double mouvement complexe qu’il ne peut gérer seul. Sa force vitale le pousse à découvrir son environnement par lui-même alors que son niveau d’autonomie ne lui permet pas encore de l’explorer seul. Ce que les adultes prennent pour de la contradiction n’est en fait qu’un fort élan d’exploration, un grand appétit de découverte, une envie de faire par soi-même. L’adulte est souvent contrôlant avec l’enfant, réprimant régulièrement et inutilement ses initiatives. Cette dissonance génère le conflit et comme il est encore très immature sur le plan de la gestion de ses émotions, cela peut prendre des proportions incompréhensibles pour les adultes.
C’est ici qu’intervient le fameux caprice qui malgré toutes les dernières recherches sur la psychologie de l’enfant, a encore la vie dure. Il est important de garder en tête que l’enfant subit lui-même ses débordements émotionnels et qu’il n’a pas encore la capacité de les refreiner à cause de l’immaturité de son cerveau. Il ne fait donc pas exprès de se mettre dans tout ses états mais c’est bien la situation vécue qui déclenche chez lui une sécrétion d’hormones de stress rapidement incontrôlables.
Pourtant, nous attendons d’un enfant de deux ans dont le cerveau préfrontal (centre, entre autres, du raisonnement et de la gestion des émotions) est encore aux prémices de sa construction, de se contrôler face aux multiples frustrations qu’il vit chaque jour. Dans cette logique, ne serions-nous pas en droit d’attendre des adultes, au regard de leur niveau de développement, une parfaite maitrise de leurs émotions face aux comportements des enfants ?
Du rapport de force à la coopération
Nous le savons tous, la gestion des émotions pour les petits et les grands est une affaire sérieuse et complexe. Cependant, pour éviter l’escalade du rapport de force, il est possible de mettre en place des actes éducatifs plutôt favorables à l’apaisement. Il faut savoir que plus l’adulte pratique le contrôle sur l’enfant plus certains d’entre eux vont renforcer leur désaccord, leur opposition de manière affirmée engendrant colères et stress.
N’oublions pas que l’enfant de deux ans ne comprend pas encore le besoin et le point de vue de l’autre que ce soit pour ses pairs ou pour les adultes : Il est égocentrique. De fait, il n’est pas aisé pour lui d’accéder à votre demande. Face à son comportement, il ne s’agit pas de tout céder mais plutôt de favoriser la coopération afin de le rendre acteur de son environnement. Dès que cela est possible, il peut être associé à la hauteur de ses capacités tout en respectant sa sécurité affective et physique.
Au quotidien, mille petits gestes peuvent lui être confiés nourrissant ainsi son besoin de faire par lui-même. En collectivité tout comme à la maison, se laver les mains, se servir à table, se déshabiller et s’habiller seul, choisir par soi-même tel ou tel jeu ou livre, aider l’adulte dans une tâche « de grand », exercer ses habiletés motrices, constituent des gestes importants accélérateurs de son autonomie...
Si l’on y réfléchit, beaucoup d’interdits inutiles sont posés pouvant engendrer des crises épuisantes pour tous. Qui n’a pas observé cette scène aux caisses automatiques d’un supermarché où l’adulte pressé s’agace parce que l’enfant souhaite scanner un article ? Pourquoi ne pas prendre 5 minutes en le laissant participer plutôt qu’en perdre 30 par la suite à essayer de le calmer ? N’oublions pas non plus, que tout comme chez l’adulte, la fatigue et le besoin de réconfort sont des facteurs déclenchants de colère ou de stress.
Pour conclure, le « laisser-agir », la valorisation de l’exploration et de la curiosité, les encouragements exercés dans un cadre contenant garantissant la sécurité physique et affective, permettent de diminuer les occasions de frustration inappropriée. Bien-sûr pas de recettes miracles ou de baguette magique… A chacun de réfléchir à la maison ou en collectivité aux interdits inutiles pour les transformer en permissions bénéfiques, socle d’une relation enfant-adulte plus apaisée. Un peu de patience cependant car nous savons aujourd’hui que le cerveau atteindra sa pleine et entière maturité seulement à l’âge de 25/30 ans…
Rédaction : Anne Boulhoud