Publié le : 16/05/2024
On a beau être en 2021, aborder la charge mentale reste trop souvent synonyme de conflit, de reproches et de découragement. Pourtant, mieux partager la logistique familiale profiterait aux hommes comme aux femmes. On s’y prend comment ?
« La charge mentale, c’est le travail de gestion et de planification nécessaire à la satisfaction des besoins de tout le monde dans la maison », résume Amélie Châteauneuf, auteure de l’essai Si nous sommes égaux, je suis la fée des dents. Contrairement au travail domestique, la charge mentale est invisible, si bien qu’elle est parfois difficile à appréhender. Par exemple, quand un parent prend un rendez-vous de dentiste pour son enfant, en plus d’appeler le cabinet dentaire, il lui faut prévenir l’école, s’assurer que son jeune n’a pas de contrôle ce jour-là, avertir son employeur, etc. Toutes ces petites étapes relèvent de la charge mentale.
Prendre conscience du problème
Vulgarisée par Emma à travers sa BD Fallait demander, la charge mentale constitue un sujet sensible. Pour mieux la partager au sein du couple, encore faut-il reconnaître qu’il y a un déséquilibre. « On est éduqués de façon à ce que les hommes fassent le travail rémunéré, et les femmes le travail non rémunéré, incluant la charge mentale », affirme Amélie Châteauneuf.
Selon les études de l’organisation internationale du travail, il n’y a aucun pays dans le monde où le travail non rémunéré est distribué équitablement entre hommes et femmes. Au Québec, les femmes font neuf ans (!) de travail à temps plein non rémunéré de plus que les hommes, entre 25 et 64 ans. Les conséquences de ces inégalités sont lourdes, puisque les femmes ont à la fois moins de temps libre et moins d’argent que les hommes.
Partager la charge mentale rend plus heureux
Caroline, maman de deux jeunes enfants, témoigne : « Depuis que je ne suis plus toute seule à organiser le quotidien, je suis moins préoccupée par tout ce qu’il y a à faire, et plus disponible pour profiter des bons moments en famille. »
Pour Amélie Châteauneuf, les hommes aussi ont beaucoup à gagner au meilleur partage des tâches invisibles : se sentir fiers d’avoir un partage égalitaire dans son couple, avoir une compagne en meilleure santé physique et mentale, favoriser la solidité de leur union, et, ultimement, être plus heureux.
Sans oublier que lorsqu’on fait ces changements dans notre famille, on démontre un autre modèle à notre enfant, souligne l’auteure. C’est en éduquant par l’exemple qu’on change les choses pour les prochaines générations !
5 stratégies pour passer à l’action
1. Faire une liste des tâches essentielles. Votre partenaire et vous êtes convaincus que la charge mentale existe et que sa répartition inégale pose problème ? Première étape, déterminez ensemble les tâches à effectuer dans la maisonnée. Dans son livre, Amélie Châteauneuf propose une liste exhaustive des responsabilités d’un couple. D’autres modèles existent sur Internet.
2. Effectuer un partage égalitaire des tâches, en s’assurant bien d’être alignés sur les standards à atteindre. Point important, chaque partenaire devrait avoir des responsabilités de gestion et d’exécution, afin d’être amené à prendre de l’initiative, indispensable à la bonne marche de la PME familiale.
3. Procéder par grands dossiers — repas, école, volet administratif, etc. — constitue une autre possibilité. Dans ce scénario, on se libère totalement de la charge mentale liée aux tâches de notre partenaire.
4. Responsabiliser les enfants permet de développer leur autonomie. Mais attention au déséquilibre qui s’installe trop souvent entre garçons et filles, prévient Amélie Châteauneuf. L’idée est de leur donner des tâches équitables en terme de temps, et de veiller à ne pas renforcer les stéréotypes.
5. Se poser la question de déléguer le ménage à une employée de maison. L’autrice insiste sur le danger de la reproduction des inégalités, car le métier est généralement sous-payé. Par ailleurs, il est bon de se demander qui est responsable de trouver la personne, de la payer et de planifier sa venue.
Le mot de la fin ? On garde en tête que certains changements doivent passer par le collectif. L’étude « Jeunes couples en quête d’égalité », réalisée par Marie-Ève Surprenant au Québec, a montré que la carrière des hommes, plus rémunératrice, est souvent privilégiée au sein des couples. Les femmes vont faire le travail qui n’est pas payé du tout parce qu’elles sont moins rémunérées à l’extérieur. Un phénomène qui se vérifie à grande échelle depuis le début de la pandémie !
Rédaction : Florence DUJOUX, journaliste indépendante pour Les Parents Zens